2006… à aujourd’hui
Mon premier bouquin se termine après un an de furie. Je sais que personne ne m’attend. Qu’il ne faut pas rêver. Qu’il y a un million de raisons pour que ça ne marche pas. Tant pis, je m’accroche à l’essentiel : quel que soit le domaine, c’est 5% de talent, 95% de boulot. Alors je me dis que j’y crois. Je me dis qu’une lectrice à qui je l’ai confié l’a bien aimé. Je me dis que si le prochain feu passe au vert dans dix secondes, c’est sûr, un éditeur en ce bas monde finira par s’intéresser à mon bouquin. D’ailleurs Eminem scande « If you had one shot, one opportunity to seize everything you ever wanted… » dans le haut-parleur de ma voiture.
Mais tout ça c’est des craques, parce qu’en vérité je suis mort de trouille.
Alors je place mon manuscrit dans une enveloppe et je l’expédie vers l’inconnu, le cœur battant. Puis je me plonge dans le seul exutoire possible : je démarre un nouveau livre.
Les semaines défilent. J’ai un vieux T-shirt sur le dos. Un bleu, avec Bob l’Eponge imprimé dessus. C’est stupide. Je l’ai acheté dans un trou perdu, une ville poussiéreuse de l’Ouest américain. C’est une sorte de trophée. Une promesse d’avenir.
Le rêve d’être publié un jour.
Le rêve de vous voir parcourir mes pages, une balade à deux, vous et moi, faire un bout de chemin ensemble.
Je cligne des paupières. Termine ma tasse de café.
Mes yeux s’ouvrent.
Et puis soudain vous êtes là.